Le Furet n°97 (juin 2020) : La BIENVEILLANCE : un art difficile qui s’apprend!
Dans « La bienveillance : un art difficile qui s’apprend », nous entendons art au sens de « art de », art d’être, de faire, d’accueillir, qui, sans se limiter au seul registre du don, se nourrit de l’apprentissage méthodique, de l’expérience partagée : comment faire pour ne pas tomber dans les pièges d’une bienveillance « naturelle » qui, au prétexte du « bien » de l’enfant, le nie dans son être-même pour mieux asseoir notre pouvoir… ? La bienveillance, c’est la disposition favorable envers quelqu’un, mais c’est aussi « veiller », s’interroger en équipe et progresser vers le « professionnalisme ».
Riches de leurs expertises singulières, nos auteur.e.s s’attachent à partager leur vision de cet art difficile.
La dimension énigmatique de la notion est abordée dans l’article éponyme de la philosophe Nelly Margotton, qui ouvre ce dossier. Danièle Rapoport raconte la naissance du néologisme de « bien-traitance » au sein du Comité de pilotage de L’Opération pouponnières. Dans son éloge de la vulnérabilité, Dominique Lhuilier démontre la valeur positive de nos capacités fluctuantes et de notre dépendance à l’égard d’autrui. Marie Hélène Hurtig décrit les difficultés engendrées par la mise en place de la PSU, qui affectent la qualité de l’accueil des enfants et augmentent le mal-être des équipes. Isabelle Corpart nous informe de l’évolution de la loi qui accorde enfin le statut de victime aux enfants otages des violences conjugales.
Isabelle Vaulot nous livre son questionnement de psychologue sur le sens du mot « bienveillance » dans le quotidien d’une structure, et Angèle Sancho Passe propose un serment d’Hippocrate spécial Petite-enfance. Mathilde Renaud Goud se demande comment, en tant qu’adulte, poser un cadre sécurisant qui aide l’enfant à grandir. Bénédicte Vallette D’Osia, nous invite à découvrir les habiletés sociales et Emmanuelle Solic s’interroge sur le regard à porter sur l’enfant pour qu’il se sente protégé.
L’engagement bienveillant qui s’apprend est abordé par Dalila Kieselé qui nous invite à opérer ce « petit pas de côté » constitutif de la bienveillance, alors que Marie Friedelmeyer et Nicolas Cambourian décrivent comment la bienveillance se pratique dans leurs structures respectives. Brigitte Lépine et Caroline Morel nous invitent à découvrir le Grand livre de la petite enfance, un précieux outil de formation.
Dans ce contexte de pandémie, Caroline Ehrhart nous donne des pistes pour aider les enfants à dépasser la peur. Depuis le Québec, Brigitte Lépine montreque la bienveillance permet de faire face aux tensions -inévitables en temps de crise. Enfin, Josette Serre et Christine Schuhl nous mettent en garde : que cette pandémie ne nous fasse pas régresser vers des pratiques professionnelles du siècle dernier !
Vous souhaitez lever le voile de la bienveillance…, alors ouvrez ce dossier, vous y verrez plus clair… !
Pour le comité de rédaction Marie-Françoise Iwaniukowicz et Francine Hauwelle
Editions: Le Furet